• Choeur en scènes : un dimanche pas perdu !

    Nous n’étions qu’une petite dizaine de choristes « ectistes » à suivre en ce dimanche de vacances de février la deuxième session du stage « chœurs en scène », sous la houlette bienveillante de notre animateur Alain Goudard, accompagné de sa femme et des deux cheffes de chœur présentes, Éliette Roche et Maïa Paille (qui jouera un rôle très actif et croissant au cours de la journée, c’est à relever). Je crois pouvoir dire « au nom de tous » que nous avons passé un excellent, ludique, et pourtant studieux dimanche. Puissent ces quelques lignes vous donner envie de vous joindre à nous à l’avenir…ou regret de ne pas l’avoir fait. Rappelons que l’exercice se joue à trois ensembles : outre nous, l’Ensemble vocal de Valence, avec qui nous avions travaillé l’an dernier (et assez largement représenté ce dimanche), et l’ensemble féminin Appoggiature (dirigé par Éliette Roche)…A quoi doit se joindre, plus tard, le groupe des six voix solistes de Résonance Contemporaine.Un dimanche pas perdu

    Donc, revenir au début de cette rencontre. Mise en train connue, avec des exercices respiratoires, mais avec ajout de quelques suppléments intéressants, dans le genre « réappropriation corporelle » : tapotons-nous les membres, doucement, gentiment, puis sfforzando ; mon oreille, je la redécouvre, en en palpant les recoins, puis je libère ma voix par de petits …ou moins petits cris. Puis, après ces mises en bouche, c’est la présentation de la journée par Alain Goudard : par petites touches, parfois sibyllines, il dévoile les grands traits de ce que doit être le spectacle du 25 avril, spectacle que nous donnerons à l’auditorium du conservatoire de Montélimar. Ce sera du genre patchwork, intégrant des arrangements de sons, des morceaux de textes, en français, en allemand, avec des variations sur un thème d’un choral de Bach, en anglais avec un poème au titre évocateur « épigraphie sur cinq pièces de Keats ». Alléchant, mais à ce stade, on ne voit pas encore très bien les contours. Mais on découvre peu à peu. Et ce ne sera pas le moindre intérêt de l’expérience, que d’assister en live à l’élaboration de l’œuvre. Car, s’il a en tête un script à peu près tracé, Alain Goudard reste aussi ouvert aux perfectionnements, aux raffinements possibles.

     

    Un dimanche pas perduLe tout commence par un travail sur les voix. Sur les voix, pas sur le chant, ou pas nécessairement, pas seulement. On nous distribue un texte, un texte assez neutre quant au sens, et c’est à chacun d’en tirer un mot, une expression, une phrase, spontanément, mais à l’écoute des autres. Puis, nous nous séparons par groupes vocaux, celui de Maïa Paille, et celui d’Éliette Roche. Là, l’exercice est plus classique : il s’agit, pour le « groupe Maïa », de travailler sur un choral de Bach, « Komm süsse Tod, komm sel(i)ge Ruh », viens douce mort, viens doux repos. D’abord pour bien le connaître, ensuite pour l’utiliser comme trame sonore, chacun étant invité à choisir son tempo individuel, et à rejoindre ensuite le chœur à des moments déterminés. Cette deuxième partie sera réalisée en restitution collective, et la suggestion de Maïa, de faire chacun se déplacer dans son propre espace, en marchant, se révèlera fructueuse. On le voit, on l’entend, ça fonctionne : de cette apparente cacophonie émerge un ordre sous-jacent, empreint d’une certaine beauté solennelle (qui convient bien à l’œuvre !).

     

    Cet exercice sera renouvelé l’après-midi avec d’autres textes, non plus chantés cette fois, mais dits, chuchotés, clamés, éructés parfois. Des textes que nous avons ainsi « travaillé au corps » (l’expression donne une idée assez juste de ce qui est demandé aux acteurs ). Un poème nous est donné à lire, un beau texte d’un poète peu connu, Lucien Guérinel (on peut avoir une idée de sa production, musicale et textuelle sur internet), un texte très expressif, qui sera lu (et fort bien) par Michel, un des choristes de l’ensemble de Valence. Puis le travail de dissection commence…Avec des excroissances sonores étonnantes, comme celle consistant à accompagner la lecture d’un « batterie sur poubelle », avec Maïa à la batterie, ou celle qui nous voit, chacun munis d’un papier journal, produire maints froissements, d’abord sur un mode discret à peine audible, chuchoté, pour terminer crescendo, sur un éclatement paroxysmique en agitant ses feuilles froissées…On a bien ri !

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    Puis ce sont deux textes, parfaitement insipides par ailleurs, censés se répondre et lus par deux locutrices, qui sont déclamés, repris en écho par le chœur, au point de le rendre incompréhensible, seules surnageant de ce brouillamini quelques mots-clés. Bruyante et expressive métaphore de notre quotidien médiatique surexposé ? Un autre exercice est ensuite entamé, en partant cette fois, d’un texte assez amusant, quoique répétitif dans son argumentaire (mais c’est toute l’idée bien sûr), et qui commence avec cette profession de foi « l’Homme est beau », et continue, dans le genre est-il beau ?, y a-t-il un bel homme ?etc…A chacun de saisir tel mot, tel segment de phrase, de le faire résonner…Le texte inspire manifestement Jacky Aubert, qui se porte candidat, pour le « porter ». Mal lui en prit, car il allait devoir ressasser ad nauseam la formule qu'il avait choisie, tout seul d’abord, puis accompagné ensuite d’un groupe au nombre croissant…. Pour former in fine un chœur dans le chœur…

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    Prochain rendez-vous, le 29 mars. D’ici là Alain Goudard fera circuler par le canal des cheffes de chœur le « script » de la performance, telle qu’elle est en train d’émerger (mot qui revient souvent dans sa bouche, et qui résume bien sa conception du travail qu’il nous fait faire). On ne voit pas encore l’ensemble du spectacle, mais on en aperçoit les grands traits…Et c’est ce côté « découverte en marchant » qui plaît. Vous l’aurez deviné, lecteur, le rédacteur* est un enthousiaste. Je crois pouvoir dire, mais je ne demande qu’à être contredit (les commentaires sont faits pour ça), qu’à l’issue de la deuxième journée, nous étions nombreux dans ce cas.    

    Choeur en scènes : un dimanche pas perdu !

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